De quoi parle-t-on ?
Binarité espace public/espace privé
Les politiques publiques et d’aménagement urbain considèrent encore la ville dans une vision binaire : l’espace public, défini comme le lieu du travail productif, est séparé de l’espace privé, défini comme le lieu du travail reproductif. En clivant les espaces, on maintient la division sexuée du travail et on ignore les besoins réels des femmes. Or des enquêtes révèlent que dans l’espace dit public, les femmes tendent à avoir des trajets à la fois plus courts, plus lents, mais également plus complexes et aussi plus contraints. Car elles ont tendance à enchaîner plusieurs activités dans leurs déplacements alors que les déplacements des hommes sont plus simples (domicile-travail). Ce que l’on dénomme la mobilité contrainte ou zig-zag. Dans leurs trajets, les femmes prennent en charge toute la logistique du quotidien, et en particulier, la famille. Cette binarité espace public/espace privé freine également la prise en compte de besoins pratiques comme l’accès aux services, l’amélioration de la sécurité de l’espace public, la mise à disposition d’équipements mixtes, etc.
Enjeu
Il s’agit de dépasser la vision binaire espace public/espace privé en considérant les espaces à partir de leurs usages et de réfléchir à comment penser une ville plus égalitaire (accès aux services).
- Réalisation d’une carte mentale avec les activités quotidiennes
- Sur 1 feuille A3, chaque participant.e dessine à main levée une carte mentale pour situer les différentes activités réalisées au cours des dernières 24 heures.
- Iels colorient les différentes activités en fonction des différents rôles: mauve (travail reproductif), vert (travail social-communautaire), orange (travail productif) et indiquent le lieu (par ex: école) et l’activité réalisée à cet endroit (par ex: aller chercher les enfants)
- Iels Indiquent leur prénom, leur âge, leur activité (taux d’occupation: temps plein, mi-temps, etc) et leur composition familiale
- Entre les différents espaces, iles indiquent les informations concernant leur mobilité : quels modes de transport ? Quelle durée dans les trajets ? Comment qualifient-iels ces trajets ?
- Échange avec les participant.es
- Où se situent les différentes activités ?
- Sont-elles situées dans leur quartier ou ailleurs ?
- Que constatent-iels ?
- Comment qualifient-iels ces différents espaces et leurs parcours permettant de relier ces espaces ?
- Quelle est la part du temps de transport dans la journée ?
- Quel est le ressenti par rapport à ces questions ?
- Séance plénière
- L’animateur.trice exposé les notions clés du genre comme la théorie des 3 rôles (productif/reproductif/social-communautaire), la mobilité zig-zag, les besoins spécifiques et les intérêts stratégiques (voir encadré)
Activité
Objectifs: À partir de leur expérience, les participant.es décrivent, au travers d’une carte mentale, leur expérience de la ville sur une journée pour qualifier les différents espaces mobilisés, les parcours entre les différents espaces, ainsi que les temporalités. Ce qui permet de spatialiser leurs activités dans la ville, de prendre conscience de la binarité privé/public, de la mobilité zig-zag et des notions de besoins spécifiques et d’intérêts stratégiques.Matériel:
Feuilles de papier A3
Bics de couleurs
Tableau pour mise en commun
Mise en œuvre :
Besoins pratiques
Il s’agit de satisfaire les besoins pratiques des femmes à court terme: améliorer l’accueil de la petite enfance, prévoir des équipements mixtes, favoriser la sécurité de l’espace public, etc. Les besoins pratiques peuvent généralement être satisfaits par des apports matériels. La satisfaction de ces besoins ne modifie pas forcément les situations d’inégalités.
Intérêts stratégiques
Ces intérêts stratégiques sont la progression en matière de statut social et d’égalité: gestion du patrimoine, changements législatifs, droits, meilleure participation aux décisions, programme d’éducation, etc.
Pour parvenir à corriger les inégalités femmes-hommes dans le cadre d’une stratégie prenant en compte le genre, pour être efficace et entrainer des changements sociaux, il est nécessaire de faire en sorte que les changements, les évolutions sociales, s’effectuent en même temps en s’articulant à ces deux niveaux.
La cour de récréation illustre la séparation des sexes à l’école, notamment en primaire, par la place qu’occupent les filles et les garçons : les garçons occupent la majorité de l’espace et sont au centre, les filles sur le côté.
Pour aller plus loin
- Anne Jarrigeon (2019, 23 Avril), La mobilité des femmes : une liberté contrariée , Forum Vies Mobiles. Consulté le 10 Septembre 2020, URL: https://fr.forumviesmobiles.org/video/2019/04/23/mobilite-des-femmes-liberte-contrariee-12937
- Corinne Luxembourg, Corinne & Messaoudi Dalila. (2015), La ville côté femmes : les usages féminins des espaces publics , projet.pcf.fr/65196
- Quel genre de vie ? Filles et garçons : inégalités, harcèlements, relations. Unicef. Novembre 2018. URL: http://ses.ens-lyon.fr/actualites/rapports-etudes-et-4-pages/quel-genre-de-vie-filles-et-garcons-inegalites-harcelements-relations-unicef-novembre-2018
- Association Adéquations. (2008). Concepts & outils pratiques du genre - Centre de ressources en ligne. http://www.adequations.org/IMG/article_PDF/article_a478.pdf
- Le guide pratique Une approche féministe du logement Projet d’habitat collectif Angela.D dans CALICO