Crédit photo : Craig Tidball (unsplash)
Les mesures d’austérité drastiques que prévoit le nouveau gouvernement Arizona attaquent de plein fouet les droits socio-économiques les plus fondamentaux. Politiquement, nous assistons à une extrême-droitisation notamment en matière de droits des étranger·e·s. Et pour preuve, Giorgia Meloni (Italie) ou Marion Maréchal (France) ont félicité l’arrivée au pouvoir de Bart de Wever !
Les reculs des politiques sociales de santé, d’emploi, d’égalité de genres et de droit des étranger·e·s, des femmes et des personnes sexisées ne font que fragiliser davantage de larges pans de la population, en premier lieu les personnes les plus vulnérables.
Si les questions de logement ne sont pas directement adressées par ce programme de gouvernement (le logement est une compétence régionale excepté en matière de taxation des revenus immobiliers, point qui n’a fait l’objet d’aucune mesure dans cet accord), la précarisation grandissante qu’il implique pour grand nombre de personnes est une cause direct du mal-logement, des expulsions domiciliaires et du renforcement du pouvoir des propriétaires-bailleurs sur leurs locataires. Et ce, dans un contexte où les prix des loyers et de l’immobilier ne font qu’augmenter. De même, les coupes budgétaires dans de nombreux secteurs au niveau fédéral (santé, emploi, éducation et enseignement, fonction publique…) auront des répercussions qu’on ne peut négliger. Elles vont impacter directement les besoins sociaux aux niveaux régional, communal et communautaire — sans que leurs enveloppes budgétaires ne soient augmentées.
Par cette publication, nous exprimons nos vives inquiétudes et dénonçons ces mesures d’austérité qui fragilisent directement les droits des femmes et des minorités de genre, et qui affectent in fine l’accès ou le maintien dans un logement stable.
→ Ces mesures ont un impact genré puisque les femmes sont davantage concernées par les arrêts maladie en raison, entre autres, de maladies chroniques mal diagnostiquées et des métiers du care provoquant des troubles musculo-squelettiques.
→ Les horaires atypiques deviennent communs et vont à l’encontre de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle qui, aujourd’hui, se fait déjà très largement aux dépens des femmes.
→ Cette flexibilisation accentue la pression qui pèse sur les mères et interroge la capacité des mères monoparentales, parmi les groupes sociaux les plus précaires, à se maintenir sur le marché de l’emploi.
→ Face à ces risques de basculement des ménages dans la pauvreté, ajoutons le fait que le logement prend une part de plus en plus indécente dans le revenu des ménages les plus pauvres.
→ Mettre en place des politiques qui fragilisent encore plus le statut des travailleur·euse·s ne peut que renforcer l’appauvrissement et la précarisation de ces ménages.
→ Ce coût sera reporté sur les communes au détriment d’autres politiques, ce qui ne garantit rien de bon pour les politiques de logement au niveau communal.
→ La chasse aux personnes sans-papier ne pourra que les fragiliser davantage et les placer dans des situations dangereuses et/ou d’exploitation (exploitation dans le travail, exploitation sexuelle, exploitation dans le logement ou se retrouver dans la rue).
→ Rappelons également que l’absence de papiers est un frein à l’accès à un logement décent et abordable.
→ De pareilles mesures équivalent à définancer la défense des minorités, la lutte contre les discriminations et la lutte des classes.
→ La proposition ne contient actuellement aucune garantie sur le fait que le gouvernement ne révisera pas à la baisse la durée ou la rémunération des congés existants, ni si ce congé grand-parental sera rémunéré et dans quelles conditions.
→ Par ailleurs, on peut se poser la question des enjeux de genre liés à cette réforme. Des pays plus égalitaires comme la Suède ont testé des dispositifs similaires sans résultat probant sur la lutte contre les inégalités de genre.
→ Le refus de voter le texte a été motivé par le maintien du consensus entre les partis de la coalition en pleine négociation d’un accord de gouvernement.
→ Dans cette affaire comme dans d’autres, « il s’agit toujours d’un marchandage politique sur le dos des femmes » (Sophie Rohonyi, présidente du Conseil des Femmes Francophones de Belgique, citée par Camille Wernaers pour les Grenades le 5 février 2025)
Nous serons vigilant·e·s à ce que ces points soient bien mis en place et ne souffrent pas des mesures d’austérité :
Après 236 jours, l’Arizona a trouvé un accord… (@au.pays.de.georges.louis, 1er février 2025) https://www.instagram.com/p/DFhmzM4IR72/?img_index=1
Accord Arizona : recul préoccupant pour les droits sociaux et droit des étranger·ères et tournant sécuritaire confirmé (Ligue des droits humains, 3 février 2025) https://www.instagram.com/p/DFm2ilut8L5/?img_index=1
Accord de gouvernement fédéral : quelles conséquences pour les droits des femmes ? (Camille Wernaers, 5 février 2025) https://www.rtbf.be/article/accord-de-gouvernement-federal-quelles-consequences-pour-les-droits-des-femmes-11499783
Accord de gouvernement fédéral : focus sur les femmes migrantes (Camille Wernaers, 5 février 2025) https://www.rtbf.be/article/accord-de-gouvernement-federal-focus-sur-les-femmes-migrantes-11499823
Arizona bad dream (@rbdh_bbrow, 5 février 2025) https://www.instagram.com/p/DFr02qINxNe/?img_index=5
Accord du gouvernement De Wever sur les pensions : retour du malus, des économies et vers l’harmonisation des statuts (Guillaume Woelfle, 6 février 2025) https://www.rtbf.be/article/accord-du-gouvernement-de-wever-sur-les-pensions-retour-du-malus-des-economies-et-vers-l-harmonisation-des-statuts-11497904
Gouvernement De Wever : la proposition d’un "sac à dos" de droits au congé pour chaque enfant, ne rassure pas la Ligue des familles (Anne-Sophie Bruyndonckx, 6 février 2025) https://www.rtbf.be/article/gouvernement-de-wever-la-proposition-d-un-sac-a-dos-de-droits-au-conge-pour-chaque-enfant-ne-rassure-pas-la-ligue-des-familles-11499560^
Les féministes contre le désert social d’Arizona (@collecti.e.f8maarsbruxelles, le 6 février https://www.instagram.com/p/DFuSASDNBD_/?img_index=1)
Précarisation de la parentalité et renforcement des inégalités de genre : L’Arizona s’en prend aux familles et a fortiori aux mères (@au.pays.de.georges.louis, 7 février 2025) https://www.instagram.com/p/DFyW7ydoKR_/?img_index=1